On retrouve avec les mêmes remarques ce qui s’est dit, en général, pour les arbres de Jessé et aux vitraux de
l’Apocalypse: le vitrail de l’Apocalypse de Saint-Florentin est pleinement inscrit dans le récit de Jean alors que,
selon Émile Mâle, la Vierge nimbée au sommet de l’arbre de Jessé de Sainte-Maure pourrait être «Immaculée
Conception»
L'Immaculée Conception dans les vitraux du Sud champenois
Les auteurs du Corpus Vitrearum pour les vitraux de Champagne-Ardenne ont été prudents et n’ont reconnu
qu’un nombre limité de baies comprenant l’Immaculée Conception.
La majorité sont du XIXème siècle sauf sur la baie 1 de l’église Saint-Gilles de Montreuil-sur-Barse avec une
splendide Vierge sur un croissant. Elle se situe au sommet du tympan où l’on trouve le monogramme du Christ et
celui de la Vierge. Le contexte est insuffisant pour décider.
Surtout, une baie entière est consacrée à l’Immaculée Conception dans la Chapelle du Saint-Sacrement de la
cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul de Troyes. On y retrouve la description d’une Vierge seule nimbée de soleil
debout sur un croissant de lune, entourée d’angelots et de quelques attributs des litanies au-dessus de la
Jérusalem céleste; le vitrail date de 1623.
En Bourgogne d’aujourd’hui mais dans la Champagne du Sud sur le plan du vitrail, dans l’église Saint- Florentin
de Saint-Florentin existe un vitrail (n°4) daté de 1525 qui représente une vierge dans les nuées.
Véronique Boucherat y a trouvé, avec pertinence, l’inspiration d’une gravure d’Albrecht Dürer avec une Vierge
sur un croissant de lune de 1508 et elle note que l’enfant Jésus n’est pas représenté: cette absence nous ferait
plutôt penser à une Immaculée Conception (le mot « Conception » figure dans le bandeau) et c’est ainsi qu’elle
est désignée sur le lieu et dans le Corpus Vitrearum consacré à la Bourgogne
On retrouve sur la baie 14 de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Cravant dans l’Yonne une vitrail très proche
avec également des litanies (Voir Corpus vitrearum).
Il est intéressant de noter que le modèle de l’Immaculée Conception se renforce avec le temps et, notamment,
que le propos de Jean Wirth quant à l’absence de l’Enfant Jésus se vérifie sur ces vitraux.
Dans cette église, on trouve la baie 12 (datée de 1515) consacrée aux sibylles et plus précisément la sibylle
persique qui annonce qu’une vierge abolira la puissance du serpent.
Ce même motif se retrouve à l’église Saint-Léger de Montfey toute proche et dont les vitraux ont été restaurés
récemment: cette baie est également du début du XVIème siècle.
Le thème trouve son origine dans le livre d’Heures de Louis de Laval (1411-1489)
Après avoir examiné ce qui pourrait s’exprimer dans notre Vierge rédemptrice de Ceffonds il convient de
s’intéresser à la Vierge par rapport à la Porte du Ciel
D’autres vitraux aubois du premier du XVIème siècle font aussi penser à notre Vierge qui écrase le serpent.
La baie 8, datée de 1502, de l’église Saint-Pierre-ès-Liens à Ervy-le-Châtel représente merveilleusement les
triomphes de Pétrarque : la lancette centrale du registre inférieur comprend une Vierge à l’Enfant.
Véronique Boucherat remarque que la Vierge a pour modèle une Vierge sur le croissant d’Israël van
Meckenem (1445-1503).
Les photos en nuances de gris mettent à jour les ressemblances. Il existe cependant une différence puisque la
Vierge d’Ervy-le-Châtel écrase un serpent.